dsc00004

« Je dois être prêt et répondre présent quand on fait appel à moi. »

Entre performances sur le terrain et complicité avec ses coéquipiers, Thomas Callens incarne la détermination et l’esprit de groupe. Un portrait sincère d’un gardien en pleine ascension au FC Annecy.

Publié le
26 nov. 2025
LIGUE 2 BKT
Thomas, quand, où et pourquoi as-tu commencé le football ? T.C : « J’ai commencé le foot à côté de Lorient, au FC Lanester, vers 6 ou 7 ans. On venait d’arriver là-bas avec ma mère après le divorce de mes parents. On jouait tous les deux dans un parc, j’adorais taper dans le ballon sans avoir d’attrait particulier pour le foot. Par hasard, un coach présent sur le même terrain est venu nous voir et a dit : “Il reste trois mois dans la saison des petits débutants et nous n’avons pas de gardien. Je vois que votre fils prend du plaisir à arrêter les ballons, est-ce que ça vous dit ?” C’est comme ça que j’ai commencé? J’ai pris ma licence, j’ai pris du plaisir à jouer… et j’ai toujours été gardien. »
 
À quoi ressemblait Thomas Callens sur les bancs de l'école ? T.C : « Très studieux, très sérieux. J’avais de bonnes notes et un bon suivi de mes parents, ça filait droit. Il y avait un temps pour tout, c’est-à-dire que je devais d’abord faire mes devoirs avant d’aller jouer. Je pense que j’avais des facilités pour retenir les choses et apprendre mes leçons. J’ai sauté le CP, surtout parce que je savais déjà lire et un peu écrire. Je suis allé jusqu’en bac +3 : j’ai eu un bac S avec mention très bien, puis j’ai obtenu ma licence STAPS à Caen. J’ai arrêté ensuite, car cela correspondait au moment où j’ai signé pro, à 19 ans. »
 
As-tu toujours voulu être footballeur pro et à quel âge as-tu compris que tu pouvais y arriver ? T.C : « Oui, à partir du moment où je suis rentré en centre de formation vers 14 ans. On est en plein dedans, avec un cursus foot à fond. Le côté compétiteur prend le dessus et on se dit que si on est là, c’est qu’on a des qualités et qu’il faut tout donner pour en faire son métier. Le moment où j’ai réalisé que j’avais une carte à jouer, c’est lors de mon année en U17 Nationaux à Lorient, on a remporté le titre de champion de France. C’est une année qui se déroule super bien, mais c’est paradoxal parce que je quitte Lorient juste après. J’obtiens mon bac, et je demande un contrat amateur longue durée pour pouvoir me lancer dans mes études, mais le club refuse et ne propose qu’un an, parce qu’ils avaient un doute morphologique. Ils voulaient voir comment j’allais réagir sur les championnats seniors. Du coup, ça me refroidit un peu, parce que me lancer dans des études de trois ans avec seulement un an de contrat, ça ne me convenait pas. C’est à ce moment-là que Caen arrive. J’ai retrouvé une belle structure. J’ai fait l’essai et je me suis dit que je devais me donner à fond pour faire du football mon métier. Si je n’avais pas réussi, je pense que je serais parti dans quelque chose de scientifique, peut-être les maths, l’astronomie, la physique-chimie, sur des études assez longues. Ce qui m’intéressait en STAPS, c’était la préparation physique et l’anatomie. »

Peux-tu nous parler de ton passage au SM Caen ? T.C : « Ce qui m'a marqué, c'est mon évolution contractuelle. Je suis arrivé sous contrat amateur, je gagnais 0. Au bout de 3/4 mois, je signe un contrat aspirant, donc c'était ma première rémunération pour jouer au foot, donc incroyable ! J'ai signé stagiaire pro dans la foulée. J'en suis fier, ça a prouvé mon évolution. Je n'étais pas le gardien titulaire des U19 Nationaux et j'ai quand même réussi à gravir les échelons. J'ai obtenu aussi mon premier contrat pro d’un an, renouvelé deux ans. Ça m'a forgé en tant qu'homme, j'ai eu mon premier appartement, je vivais seul, je devais me gérer tout seul. J'ai aussi rencontré ma femme là-bas, c'est un moment de ma vie super important, ça fait partie du bien-être d'un footballeur et c'est super important. »

Aujourd'hui, tu es au FC Annecy. Dès ta première saison ici (en 2022/23), tu joues 11 matchs dont 4 en Ligue 2. Comment as-tu vécu cette plongée dans le monde pro ? T.C : « C’était une année magnifique. Je pense que si je dois en retenir une, pour le moment dans ma carrière, c’est celle-ci. La découverte de ce monde, c’est quelque chose… Surtout que j’ai démarré contre Sochaux avant d’aller à Caen. Au stade Michel-d’Ornano, j’avais dû prendre 25 places, c’est un match que je n’oublierai jamais. Il y a aussi eu le parcours en Coupe de France, une compétition que je ne connaissais pas, et le parcours a été magnifique. On a réalisé quelque chose d’incroyable collectivement ! Le Vélodrome, c’est indescriptible, et même la demi-finale, j’en garde un très bon souvenir, c’était une belle fête. C’est une saison qui m’a permis de voir tout autre chose. Je continue d’apprendre dans la prise d’informations, le jeu sans ballon, la gestion de la profondeur, et même le jeu avec ballon. Ça m’a appris à être un peu moins scolaire dans mon jeu. »

Ton match référence ici ? T.C : « Marseille, sans hésiter. Par rapport aux émotions qu’on a vécues, les 90 minutes de match devant 64 000 personnes, ce n’est pas négligeable. Je n’avais jamais vécu ça, avec une séance de penalty et un scénario un peu rocambolesque. J’ai aussi le match à Caen, pour le côté sentimental, et la rentrée contre l’ASSE en août 2023 où j’arrête un penalty, c’était un super souvenir, sept jours après la naissance de mon fils. »

Comment te prépares-tu pour une séance de penalty ? T.C : « Je pense que petit à petit, un climat de confiance se crée, notamment avec ce premier parcours en Coupe de France. À l’inverse, il y a sans doute un peu plus de doute et de questionnement pour l’adversaire, je pense. C’est compliqué à expliquer mais au club, on travaille régulièrement les pénaltys, il y a de la répétition, autant pour les joueurs que pour nous les gardiens. Avec la répétition, on apprend, et il y a aussi une part d’instinct. J’essaie d’analyser tout ce que je peux chez mon adversaire. »

On va parler un peu du poste de deuxième gardien. On dit souvent que le poste de doublure, c'est un rôle à part entière, peux-tu nous en parler ? T.C : « Il faut réussir à trouver une place dans le groupe où tu te sens influent. J’y ai beaucoup réfléchi et je me suis dit que je devais l’être sur le plan humain, pour faire grandir le groupe et mettre les autres en confiance. J’essaie d’être quelqu’un sur qui on peut se reposer pour discuter et prendre des conseils et aussi d’être un relais dans le vestiaire, une passerelle entre les joueurs, le staff et la direction. Je me suis intégré dans les négociations de primes, je suis celui qui tient la caisse des amendes, j’essaie vraiment d’aider au bon fonctionnement du vestiaire. Pour la partie terrain, il faut se tenir prêt tout le temps. Il ne faut pas se dire : “Bon, je suis numéro 2.” Non. Il faut travailler pour aller concurrencer Flo, pour nous rendre meilleurs et progresser. Ça me permet de me tenir prêt lorsqu’on fait appel à moi, comme sur cette période avec un enchaînement de matchs. Je dois être prêt et répondre présent quand on fait appel à moi. »

Peux-tu nous parler de la hiérarchie des gardiens, comment ça fonctionne ici pour les gardiens ? T.C : « Il y a trois gardiens pros, plus un quatrième gardien la majeure partie du temps. Chacun a une place importante : on travaille vraiment ensemble, avec l’intention de faire progresser tout le monde pour créer une osmose dans le groupe des gardiens. Par exemple, quand Flo et moi allons dans les jeux, les 3 et 4 continuent de travailler avec Thomas Fedrigo. La concurrence est saine, on débat tous ensemble sur les images du week-end, sur ce qui se passe à l’entraînement dans les situations de jeu. On se dit les choses pour se corriger, et ça enrichit tout le monde. Thomas nous apporte beaucoup sur sa vision du jeu, notamment celui sans ballon et la prise d’informations, qui est pour moi une grande force. »

Qu’est-ce qui te plaît le plus ici, sportivement et humainement ? T.C : « Je me suis fait de vrais amis dans le groupe, et ça, c’est important. Quand on est dans un environnement changeant, c’est essentiel de trouver des amis. En dehors du foot, on a noué de vraies relations et j’ai découvert d’autres choses de la vie : le lac, les montagnes… On est très curieux. Dans cet aspect bien-être, je le ressens ici, je me sens bien. Ça rejoint bien les valeurs familiales du club, qui grandit. Je le ressens entre mes débuts en Ligue 2 et aujourd’hui. Il y a aussi la confiance qu’on m’apporte en tant qu’individu, de la part de la direction et du staff. Je sens que je grandis. Sportivement, ce qui me plaît, c’est ce que le FCA m’a apporté dans mon bagage footballistique. Je sens vraiment que je progresse ici, et ça me met au défi en permanence. »

On vous voit d’ailleurs très proches de Clément Billemaz. Peux-tu nous parler de votre relation ? T.C : « Quand je te parlais d’amis, je pensais forcément à lui, et aussi à Antoine Larose. On a vite trouvé des points communs, puisqu’on est arrivés en même temps, on était ensemble à Tignes dans la chambre lors du premier stage, et on a vu qu’on avait les mêmes centres d’intérêts et le même humour. On s’est vite liés d’amitié, et nos compagnes aussi, donc on a vraiment trouvé un vrai cercle d’amis ici. Pour tout te dire, la chérie de Clément est la marraine de notre fils. On a vraiment le même délire, et aujourd’hui, ce n’est plus juste un coéquipier, c’est un ami. Ma mère me dit souvent qu’on a trouvé des amis en or ici. »

Globalement, quel regard portes-tu sur le début de saison ? T.C : « J’ai un sentiment d’inachevé, car on a le potentiel pour prendre plus de points que ce qu’on a obtenu. On a eu cet épisode loin de chez nous, qu’il ne faut pas négliger. Ne pas jouer à domicile, c’est un handicap. À l’inverse, je pense qu’à Dijon, on aurait pu prendre plus de points par rapport à ce qu’on a montré. La dernière en date, à Montpellier, a été un match avec un contenu plus qu’intéressant. Il faut réussir à concrétiser tout le contenu qu’on y met : la solidité défensive qui est bien ancrée et nos principes de jeu avec un pressing à haute intensité. Globalement, c’est encourageant, mais il faut transformer tout ça en points. »

En dehors du terrain, tu occupes comment ton temps libre ? T.C : « Plusieurs choses, maintenant surtout avec mon fils. J’adore jouer avec lui et je lui accorde beaucoup de temps. Quand il est à la crèche, j’apprécie vraiment ces petits moments pour décompresser : regarder une série, jouer à la console… J’aime bien la musique, j’ai des platines, et avant l’arrivée du petit, je prenais du temps pour mixer un peu et envoyer mes sons à mes potes (rires). J’adore le sport, les randos, le paddle, la nature… C’est pour ça que le foot, c’est super : on peut découvrir plein d’endroits au fil de notre carrière, et il faut en profiter. Pendant mes vacances, j’adore aussi aller à des festivals de musique. »

 

Partenaires majeurs

Partenaires principaux

CAPTCHA protection