Entre famille de sportifs, petits boulots et rêves de football, Thibaut raconte son chemin atypique vers le professionnalisme et ce que ça signifie de jouer pour son club de cœur.
Thib, comment as-tu commencé le football ?
T. D : « J’ai commencé comme nous tous vers mes 5/6 ans à Annecy-le-Vieux et après avoir testé le vélo, grâce à ma famille, et le rink hockey, que j’ai pratiqué un petit moment, j’aimais bien ce sport, jusqu’à ce que je me blesse gravement au niveau du cou puis j’ai continué à jouer au foot. »
Tu l’as dit, tu viens d’une famille de sportifs, entre ton père (qui a disputé le Tour de France 1993) et ton frère (ancien joueur du club et ancien cycliste de haut niveau), est-ce que ça t’a aidé d’être issu d’une famille de sportifs et pourquoi avoir choisi le foot plutôt que le cyclisme ?
T. D : « Je pense que ça m’a pas mal aidé, parce qu’en termes d’éducation, on a toujours été éduqué par rapport au sport, le fait de faire attention à soi. Peu importe le sport, mais c’est important de pratiquer avec son frère et d’être accompagné. Le foot, tu peux jouer partout et j’aimais bien aller voir mon frère. Le choix entre les deux ? Mon père ne m’a jamais mis de pression, il voulait que je fasse ce que j’aime. Même si j’aime bien rouler pendant les prépas et aller voir mon frère sur ses courses avant. Je suis pas mal, je regarde les grandes courses. »
Parle-nous de toi à l’école : tu étais quel genre d’élève ?
T. D : « Je n’ai jamais été très bon à l’école, franchement, j’ai toujours eu du mal. Pas forcément au niveau du comportement, mais plutôt au niveau des notes. J’ai poussé jusqu’au bac, que j’ai eu, puis j’ai fait des petits boulots (mise en rayon, à l’usine...). Je préférais jouer au foot dans la cour de récré. Mes parents savaient que je n’aimais pas ça, ils me demandaient surtout d’être concentré et d’avoir un comportement irréprochable. J’ai essayé de pousser dans le foot, j’ai aussi passé mon BPJEPS (Brevet professionnel de la jeunesse, de l'éducation populaire et du sport) pour avoir un diplôme supplémentaire. Le foot, ça a marché donc c’est plutôt cool. »
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Est-ce que quand tu étais petit, tu avais des idoles ?
T. D : « J’aimais déjà beaucoup le FC Barcelone, l’équipe qu’ils avaient, c’était impressionnant. J’aimais beaucoup Messi et, défensivement, Sergio Ramos pour ce qu’il dégageait. Il y avait aussi Évian, à l’époque, qui jouait au Parc des Sports, donc j’aimais bien Daniel Wass. J’allais au stade tout petit et j’ai joué trois ans là-bas. »
As-tu toujours eu l’envie de devenir footballeur pro ?
T. D : « J’ai toujours eu envie de vivre de ma passion, c’est le plus beau métier du monde. Peu importe le métier, mais vivre de ce qu’on aime, c’est incroyable. Se lever le matin pour aller jouer au foot… on ne s’en rend pas toujours compte, mais c’est une vraie chance. »
Avec Quentin Paris et Wael Debbiche, vous êtes des joueurs de l'effectif pro à être issus de la formation. Est-ce que c’est une fierté pour toi, en tant que Haut-Savoyard, de porter ce maillot ?
T. D : « Honnêtement, c’est une grande fierté, oui. Réussir dans le club de sa ville, je pense qu’il n’y a pas plus beau. Jouer devant sa famille, ses amis, dans un stade qu’on connaît depuis toujours, où on regardait des matchs avant d’y jouer, c’est une grande fierté. C’est rare de réussir dans le foot, et c’est vrai que réussir dans sa ville, c’est encore mieux. »
T’as fait plusieurs boulots avant d’intégrer le groupe pro, peux-tu nous parler de cette transition ?
T. D : « Ça faisait deux ans que j’étais en réserve et, à ce moment-là, j’avais 19 ans. Je me posais des questions puis j’ai eu l’opportunité de reprendre avec les pros en préparation. J’avais plutôt fait une bonne prépa, donc le coach m’a gardé. Petit à petit, j’ai fait mes preuves et je suis resté avec le groupe. On commence sur le banc, on rentre en jeu et, après, on enchaîne avec des titularisations. Pendant ma première année, je travaillais en même temps à l’internat avec les jeunes de la formation, c’était pas facile. Mais je ne regrette pas, c’était une bonne expérience. Vivre avec des jeunes de 14-15 ans, qui étaient joueurs du club, je pense que j’étais comme un exemple pour eux. Je me comportais plus comme un grand frère qu’un surveillant. On est presque de la même génération, donc on rigolait bien. »
Peux-tu nous parler du 05/08/2023, jour de ta première en pro contre Guingamp, où tu as d’ailleurs démarré !
T. D : « C’était particulier, il n’y avait personne dans le stade parce qu’il y avait la Fête du Lac. En plus, on venait d’apprendre quelques jours avant qu’on restait en Ligue 2, on n’avait pas les bons maillots, c’était du dernier moment. Je n’avais pas forcément de pression, c’était plus de l’impatience. La journée était longue avant d’être directement dans le grand bain. Jouer avec le club de sa ville, c’est quelque chose d’indescriptible pour moi. Là, ça m’a donné une envie supplémentaire de réussir, en plus en tant que joueur issu de la formation. »
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Sans faire de bruit, tu t’es imposé comme un élément fort de l’équipe. L’an passé, tu as cumulé 35 matchs officiels pour presque 2800 minutes de jeu, troisième plus gros temps de jeu. Peux-tu nous parler de cette ascension ?
T. D : « Je ne pensais pas autant jouer, donc c’est une fierté d’avoir eu le troisième temps de jeu de l’équipe. Je bosse pour ça, pour être bien physiquement, parce qu’une saison c’est long. C’est important d’être au top physiquement et mentalement. Je me suis imposé petit à petit en grattant des matchs. J’essaye de m’améliorer à chaque rencontre et, en plus, la saison était incroyable. »
Tes coachs disent que tes principales qualités sont le travail, la force mentale et ta mentalité. Qu’en penses-tu ?
T. D : « J’ai toujours été éduqué comme ça : si je veux quelque chose, je vais le chercher. Je pense que ça m’a vraiment forgé. Même par rapport à tous les boulots que j’ai pu faire avant, maintenant, me lever le matin pour m’entraîner, c’est presque plus facile. Mentalement, je sais que j’ai une force, et avoir une bonne mentalité, c’est hyper important aujourd’hui. J’essaie de progresser là-dessus chaque jour. »
Tu es un défenseur polyvalent, capable d’évoluer partout en défense. Où te sens-tu le plus à l’aise ?
T. D : « La saison dernière, j’ai joué un peu partout dans la défense. Être polyvalent, c’est une chance, et j’essaie toujours de donner le meilleur de moi-même, même si je me sens plus à l’aise côté droit. Je m’entraîne beaucoup pour jouer derrière. Quand j’étais petit, je jouais un peu partout, mais j’aimais bien être dans les buts. Mon deuxième poste préféré serait gardien… je ne sais pas pourquoi ! » (rires)
Vous reprenez samedi après une semaine de trêve. Parle-nous du début de saison.
T. D : « C’était compliqué, même si le contexte est particulier puisqu’on ne joue pas à domicile et que ça joue beaucoup. Ce n’est pas facile, mais on essaie de travailler collectivement, tactiquement et mentalement pour être prêts le week-end. On a perdu beaucoup de joueurs importants, et il y a aussi beaucoup de nouveaux, donc il faut un temps d’adaptation pour apprendre à se connaître. Les automatismes vont venir, et je ne m’inquiète pas pour ça. »
Tu as évolué avec la réserve et même porté le brassard de capitaine. Quels conseils donnerais-tu aux jeunes du club qui espèrent rejoindre le groupe professionnel ?
T. D : « Il faut savoir être patient. Aujourd’hui, certains jeunes font deux ou trois bons matchs, ou une bonne saison, et ils veulent tout de suite aller chercher le haut niveau. Il faut travailler, c’est essentiel. Pour moi, c’est ma marque de fabrique : toujours bosser et vouloir progresser, peu importe l’âge. Il y a des exemples parfaits comme Kashi, Pajot ou Nsakala, des joueurs avec une carrière incroyable qui travaillent encore tous les jours. Je prends beaucoup exemple sur eux, parce que ce sont des gars qui sont proches de la fin de leur carrière et pourtant ils donnent toujours le maximum. Ça peut sembler bateau, mais c’est la vérité. il faut bien s’entourer et écouter les conseils qu’on reçoit. »
La réserve a commencé très fort son championnat. Est-ce que tu continues de les suivre ?
T. D : « Je suis encore toutes les catégories et j’essaie de voir les matchs quand j’ai le temps. Dernièrement, je suis allé voir les U17 contre Metz la semaine dernière. Il y a pas mal de petits que je connais, et ça fait plaisir de les revoir. Pour la réserve, je les connais un peu moins maintenant, mais faire deux gros résultats à Villefranche et Valence, c’est super. J’espère que ça va continuer comme ça et qu’ils réussiront à aller chercher la montée. Dans la poule N3 de notre région, il y a vraiment de très grosses équipes. »
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Pourquoi tu portes le numéro 41 ?
T. D : « J’avais le choix d’un numéro entre le 41 et le 49 et j’ai pris celui-là sans réelle symbolique. J’aurais pu changer en passant pro, mais j’ai décidé de le garder parce que je l’aimais bien et que c’est mon premier numéro. »
Ton plus beau souvenir dans le foot et quels sont tes objectifs ?
T. D : « Je n’ai pas encore vécu de grandes choses, même si je garde un très bon souvenir du dernier match de la saison dernière à la maison contre Grenoble. Il y avait du monde, on a fait un bon match et on a gagné avant les vacances. On a aussi passé une bonne soirée après ! (rires) C’était un vrai bon moment qui m’a marqué, surtout contre Grenoble, où on a plutôt bien maîtrisé le match. Concernant mes objectifs, c’est de jouer un maximum, de progresser encore plus et de m’imposer. Je fonctionne step-by-step, mais j’espère évoluer au plus haut niveau et vivre pleinement du football. »
Tu parles de Grenoble, est-ce que c’est particulier pour toi de jouer les derbys, toi qui es natif de la région ?
T. D : « C’est quand même particulier, puisque je joue dans ce club depuis tout petit. Ces matchs ont toujours été compliqués. Le vivier là-bas est intéressant et ça attire beaucoup de monde au stade. L’ambiance est bonne et pour nous, jouer dans ce genre d’atmosphère procure de l’adrénaline. À notre échelle, c’est important aussi pour la suprématie régionale. »
Samedi, vous retrouvez le Stade de Reims de Yohan Demoncy. Comment abordez-vous cette rencontre ?
T. D : « Ça va être compliqué. C’est une équipe qui descend de Ligue 1, avec un très bon effectif et de très bons joueurs. On a bien bossé pendant la trêve et on a attaqué cette semaine pour être prêts samedi. On y va confiants, même si ce ne sera pas facile puisqu’on est encore à Dijon. Il faut faire abstraction du contexte et aller chercher les trois points. »
Parle-nous de toi et de tes passions en dehors du foot.
T. D : « Je suis assez casanier et j’aime bien me retrouver seul aussi, c’est important pour moi. Dernièrement, j’ai regardé le documentaire de Canal sur Samir Nasri, et j’adore la cuisine ! Honnêtement, je suis un vrai cuisinier. Je prends des petites recettes sur internet, je passe à la supérette en bas de chez moi, puis je me lance. »
Tu as un plat signature ?
T. D : « Ce n’est pas vraiment le mien, mais celui de ma grand-mère : son hachis parmentier ! J’essaie de le reproduire, même si ce n’est pas facile. Je teste un peu de tout et je m’adapte selon qui je reçois. Je suis créatif et j’aime ça depuis petit. Le dernier truc que j’ai fait, ce sont des burgers maison un peu raffinés, pour faire attention à la ligne, avec de la bonne viande et de bonnes crudités. »