Michel, comment as-tu réagi à la décision prise par la FFF cet après-midi ? 

« J’ai réagi avec beaucoup d’humilité car je pense à mes cinq collègues entraîneurs qui jouaient également la montée dans notre poule. Je suis content pour mon staff et pour mes joueurs. Comme je l’ai souvent dit, on n’avait peut-être pas le plus beau groupe de ces quatre années de National 2. Mais au niveau de l’envie, de la motivation et de l’implication, c’est le plus fort à mon goût ».

Cette décision récompense la régularité de ton groupe qui a été leader à 10 reprises lors de ces 21 journées…

« Tout à fait, et il ne faut pas oublier que nous avons joué plusieurs matchs sans avant-centre de métier suite aux blessures d’Antho (Le Tallec), de Romain (Spano) et de Migouel (Alfaréla). Nicolas Poulain a pris cette place et s’en est très bien sorti. Il faut se souvenir aussi que nous étions l’équipe à battre à chaque match. C’est très compliqué de jouer avec la pancarte d’équipe favorite car il y a à la fois beaucoup d’attente de notre public et une plus grande rigueur chez nos adversaires ».  

Regrettes-tu que la saison ne soit pas allée à son terme ?

« J’aurais préféré monter à l’issue des 30 journées de championnat parce qu’il y aura toujours des gens pour nous rappeler que nous avons joué 21 matchs... Mais nous avons été leaders le plus de fois sur ces huit mois de compétition. Pour moi il n’y a pas d’injustice ».

N’y a-t-il pas un goût amer de ne pas pouvoir fêter cette montée comme il se doit ?

« Dans le contexte actuel, le football est secondaire, même si cette montée met du baume au cœur à beaucoup de monde, à nos dirigeants, nos bénévoles, nos supporters et à nos partenaires. J’espère que nous pourrons organiser quelque chose lorsque le confinement sera terminé avec les joueurs, le staff, les bénévoles et les membres du Fécé Force 12 qui nous ont accompagné lors des déplacements ». 

Cette montée en National 1 est-elle différente de celle en CFA lors de la saison 2015-16 ?

« C’est complètement différent. Le contexte n’est pas le même. Cette année, on savait qu’il y avait une très grosse attente et qu’on n’avait pas le droit à l’erreur. On est parti avec un groupe qui ne se connaissait pas. Il a fallu créer une osmose et insuffler un autre discours. J’avais dit à mes joueurs qu’on ne monterait qu’en étant costauds et que ce ne serait peut-être pas un football très plaisant. Tout le monde en a été conscient et a relevé le défi. Tous nos adversaires disaient qu’on était une équipe très difficile à jouer. C’est le plus beau compliment qu’on pouvait me faire ». 

Quatre joueurs (Julien Perez, Jonathan Goncalves, Nicolas Garby, Nicolas Poulain) faisaient partie de l’équipe qui évoluait en DHR en 2012-13. Qu’est ce que cela représente pour toi ?

« C’est un message qu’on lance à notre équipe Espoirs et à nos équipes de jeunes. Ça montre que tout est possible et qu’il y a la place pour tout le monde. Ces quatre joueurs ont franchi les paliers et sont aujourd’hui quatre titulaires de l’équipe qui accède au National 1. Ce n’est pas rien, et je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de clubs dans notre situation ».

Tu étais revenu au club cette saison pour faire monter l’équipe en National 1. Tu dois avoir le sentiment du travail accompli ?

« Je remercie mes dirigeants, Stéphane Loison, Jean-Philippe Nallet et Sébastien Faraglia, qui m’ont fait confiance car je suis bien conscient que ce n’est pas facile de faire du neuf avec de l’ancien. Les deuxièmes mariages, ça marche très rarement. J’ai eu un groupe de qualité à ma disposition et la mayonnaise a bien pris. Savourons ces moments-là, car le plus dur arrive désormais ».

C’est ta quatrième montée à la tête du FC Annecy. Es-tu conscient de ce que tu as accompli en tant qu’entraîneur ?

« Je n’aime pas parler de moi. Je suis fier mais je suis conscient de la chance que j’ai de faire partie d’un club qui laisse l’entraîneur travailler en paix. Quand tu ressens la confiance des gens, ça te permet de travailler dans de meilleures conditions ».

Quels sont les matchs qui t’ont marqué cette saison ?

« Il n’y a pas de match particulier qui m’ont marqué, hormis peut-être notre défaite contre Grasse qui n’était pas méritée selon moi  Je me souviens de nos matchs à domicile en début de saison où nous avons essuyé des critiques. J’étais conscient de nos manques mais nous avons su être costauds à l’extérieur pour rattraper les points perdus au Parc des Sports. Nos victoires 1-0 ont été très importantes pour maintenir une dynamique positive. Le seul regret, vis-à-vis de notre public, est de ne pas avoir su être performants comme nous aurions aimé l’être. Je retiens avant tout que j’ai un groupe qui ne renonce jamais et qui se bat jusqu’au bout ».

Les difficultés économiques que rencontrent les clubs actuellement te font-elles peur en vue de l’année prochaine, et notamment du mercato estival ? 

« Ça ne me fait pas peur puisqu’on est tous logés à la même enseigne. A nous de bien travailler pour former un groupe compétitif dans ce championnat de National qui est très difficile. On a vu cette année que tous les promus ont souffert. C’est un championnat qui est professionnel sans l’être vraiment. On va jouer le vendredi soir, il y a toute une réorganisation à prévoir. La conjoncture est difficile pour les clubs, mais aussi pour nos partenaires qui vivent pour certains des moments dramatiques. Il faut donc relativiser et j’espère encore une fois qu’on va leur donner un peu de baume au cœur ».

Propos recueillis par Jean-Baptiste VIVIAND